Rim Battal est une poète et photographe qui vit entre Paris et Marrakech. Son dernier livre Transport commun est publié en mars 2019 aux éditions Lanskine, sa dernière exposition Ich Liebe Kapitalismus est visible jusqu’au 29/09/2019 à la galerie Verdeau à Paris.
Elle nous a envoyé un poème où elle évoque ces certificats de virginité que l’on fait encore signer, de nos jours, aux jeunes filles, au Maroc ou ailleurs.
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13 – Dynamiter la piscine
I –
Qui fait que je méprise tant le rire
et la Zumba au bord de la piscine
c’est la deuxième plus grande d’Europe
selon l’animateur-en-chef pas peu fier
Je suis à deux doigts de cette joie facile
il subsiste un barreau à dynamiter cependant
pour que naissent enfin en moi les dieux
du divertissement et de la joie facile
faciles à vénérer sans modération
II –
Je tire le rideau sur les souvenirs mais le rideau est
passoire
par ses trous le souvenir envoie ses enfants illuminer
mes reniements
m’embrasent
III –
Le paradis n’est pas un lieu pour une vierge
si vierge il y a – car
que cela veut dire enfin puisqu’
aucune peau n’existe et auc’
un sang
il a fallu que je justifie un jour d’un mythe
par un papier signé et sérieux
que j’y appose mes empreintes
moi qui n’ai jamais cru
la nuit m’a saisie ce jour-là
m’a nommée violence
ce grain de beauté est le baiser
qu’elle a laissé sur ma joue :
j’ai dit adios à mon sur-moi
IV –
Entre chien et loup
les parasols baissent paupière et dansent
la danse du silence enfin revenu
le bruit blanc des douches épouse celui de la pluie
nous voilà un peu propres
pour la nuit
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