Un des signes que l’obsession de la virginité n’a pas totalement disparu sous nos latitudes est la peur répandue de « perdre sa virginité » en utilisant un tampon et une cup. Face à cette question récurrente, les marques répondent à leurs consommatrices. Voyons voir ça.
Commençons par les tampons. Pour la marque Nett l’important est de rassurer : « Lorsque vous avez vos règles pour la première fois, l’hymen est suffisamment doux et flexible pour que vous puissiez utiliser sans l’endommager, un tampon des tailles suivantes :[…] » .
Pour Vania, c’est à la mère qu’on parle : « Enfin, rassurez-la sur son éventuelle crainte de perdre sa virginité : l’hymen est percé d’un trou qui laisse passer le tampon. »
Ces deux marques répondent à la peur des consommatrices sans jamais remettre en question les fondements de cette peur, c’est-à-dire le lien entre l’hymen et virginité et bien sûr la pensée implicite que le tampon ne peut et ne doit en aucun cas se substituer au grand, au seul et unique briseur d’hymen, j’ai nommé le dieu pénis, d’où la vente d’ultra mini tampons censés se faufiler sans endommager.
Autre ambiance pour cet article publié sur le site de vente des cups luneale. A la question « Puis-je utiliser une cup si je suis vierge ? », on trouve d’abord un véritable travail de recherche préalable dans l’article (renvoi à un article scientifique de référence en anglais Hymen: facts and conceptions de Abdelmonem Awad Hegazy et Mohammed AlRukban + présentation et verbatim d’une conférence TedX des médecins Nina Dølvik Brochmann & Ellen Støkken Dahl sur le sujet). Dans cet article on rappelle que « L’hymen n’est pas une indication précise de la virginité » et que la seule chose qui importe dans l’utilisation d’une cup, c’est le rapport de chacune à son propre corps : « Si tu te sens prête pour l’insertion, si tu es suffisamment à l’aise avec ton corps, il n’y a aucun souci pour utiliser une coupe menstruelle. »
Sur le site de lunacopine, on propose aux consommatrices de mieux connaitre leur anatomie et de faire un petit tour du propriétaire de leur organe sexuel. Voici ce qui est dit de l’hymen :
« Situé juste à l’intérieur de l’ouverture vers le vagin, l’hymen – également connu sous le nom de la couronne vaginale – est une mince membrane de tissu qui couvre partiellement l’ouverture vaginale. Chez de nombreuses jeunes filles et femmes, il est difficile d’identifier l’hymen ou de le différencier du tissu d’ouverture vaginal. Et chez d’autres femmes, la couronne n’a jamais été intacte. L’absence d’un hymen n’est pas un signe de virginité perdue car elle peut être brisée lors de nombreuses activités non sexuelles, comme le sport. La couronne a tendance à s’éroder avec le temps en raison des hormones, des pertes naturelles et des relations sexuelles vaginales. »
Encore une fois ici le lien entre hymen et virginité est mis à mal.
Les marchands de tampons restent donc encore dans une vision « traditionnelle » de l’hymen et de la virginité et proposent à leurs clientes des moyens de « se préserver » (avec tous ces tailles ultra mini +) tandis que les marchands de cups changent de système de représentation et actualisent leur discours (sans aussi parce que la taille de la cup est telle qu’ils ne peuvent contourner le problème comme le font les marchands de tampons). On ne peut que souhaiter que les marchands de tampons se mettent rapidement au goût du jour et révisent leur communication.
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