Azalée

Ma première pénétration vaginale, mon premier viol et ma première circlusion

J’avais 15 ans, je me sentais amoureuse. Pendant une soirée chez moi, nous nous sommes retrouvé·es sur mon lit d’ado « une place » mon petit ami de l’époque et moi.  J’avais très envie de lui. Mais tout est allé trop vite. Je me suis retrouvée à poils en moins d’une minute et je pense qu’en moins de 5, il avait une capote sur la verge pour me « dévierginiser. » A ce moment, je lui ai dit « Non, attend. » Il m’a alors mis sa main sur ma bouche en guise de bâillon en disant « Mords, si tu veux » Puis il a commencé à pénétrer mon vagin avec son sexe. Mon cerveau essayait de comprendre. Pourquoi me bâillonner ? Que fait-il ? J’ai repoussé sa main mais je n’ai pas réussi à bouger. J’ai ressenti une vive douleur. Mon esprit était ailleurs, hors de mon corps. J’ai saigné. Une fois sa petite affaire finie, il a jeté la capote par  la fenêtre du 12ème étage pour ne laisser aucune trace dans la poubelle de ma chambre. Puis, il est retourné à la soirée. Moi, je suis partie pleurer sous la douche. Ce soir là, je prenais ma première cuite.

J’en ai rediscuté avec lui plus tard. Il se voyait en mec sympa qui m’avait donné un coup de main pour me « dévierginiser ». Dans sa tête, c’était me rendre service que de me permettre de lui mordre la main. Ainsi, j’avais pu rester digne : souffrir sans crier. J’avais eu de la chance de tomber sur lui puisqu’il avait mis une capote. Pour lui, cette étape était nécessairement douloureuse et dans le sang… Autant que ça se passe vite… Il m’a aussi raconté sa «  première fois » quelques mois auparavant dans un camping. Il était entré dans la tente d’une jeune fille de 2 ans de moins que lui (soit 13 ans) dans la nuit. Il lui avait aussi mis la main sur sa bouche en lui disant de se taire…

Le chemin a été long. C’était bien avant #Meetoo. J’ai mis 16 ans pour comprendre que le consentement pouvait être retiré à tout moment lors d’un acte sexuel, que la première pénétration vaginale n’était pas nécessairement douloureuse, que la sidération nous empêchait parfois de bouger… que ce que j’avais vécu était un viol et ce qu’il me racontait son mode opératoire de violeur. Pour moi, cette histoire (qui est aussi l’histoire de « ma sœur de viol » et peut-être même de mes sœurs malheureusement … ) s’inscrit dans la culture du viol. Le mythe de l’hymen et de la vierge vient légitimer le viol. Puisque de toute façon, la première pénétration vaginale est nécessairement douloureuse, le plaisir n’a pas sa place. Si la personne dit non, c’est par peur de la douleur mais en fait, elle dit oui. La communication est faussée. Pas de culpabilité d’avoir fait mal pour l’agresseur puisque la douleur est normalisée. Finalement, c’est même une bonne personne quand la victime n’a pas eu si mal que ça, n’a pas trop crié. 

Ma première circlusion, j’avais quasi 32 ans. C’est le temps qu’il m’a fallu pour habiter cette partie de mon corps nommé le vagin. Quelle merveilleuse découverte ! Maintenant, j’ai 41 ans et que ça soit auprès de mes enfants, de mes ami·es, des personnes qui viennent me voir en consultation (je suis sage-femme), je parle du verbe circlure car je l’ai appris tellement trop tard.

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